Crowd

2023

Installation

Glitch

Outils : Impression sur plexiglass, TouchDesigner, Arduino

Mes recherches actuelles questionnent et déconstruisent mon rapport à mes origines. Mon père était marocain et est décédé peu avant ma naissance. Ayant grandi en France, cette absence de transmission directe m'a forgée dans un rapport trouble et distant à mon identité marocaine. J’ai donc l’impression d’avoir une vision partielle et “éclatée” de ma culture, teintée de souvenir d’enfant, de tradition culinaire, de politisation et d’une certaine distance intrinsèque au fait d’avoir grandi en occident. Cette installation met donc en scène et fige dans le temps différents souvenirs qui s'entremêlent. Elle questionne également les liens entre sport, politique et décolonisation. 


En France, un des clichés raciste répandus veut que les arabes s'intéressent plus au foot que les autres. Étant peut intéresser par le sport, j’ai tout de même suivi le foot comme un moyen d'être reconnus comme arabe. Comme un réflexe patriotique, même si je n’y connais rien je me devais de suivre et d'être fière de l'équipe du Maroc par exemple. C'était surtout vrai quand j'étais petit, à l'époque ou les matchs étaient diffusés sur une chaîne cryptée que je n’avais pas. L’image dans la TV de l’installation reproduit cet effet de cryptage emblématique des années 1990/2000. L’image en elle-même est issue du match Maroc Canada de la dernière coupe du monde au Qatar, dont le Maroc est devenu l’ambassadeur des pays non-occidentaux. Le son quant à lui provient d’un enregistrement datant de 2019, lors d’un match de L'Ittihad Riadi de Tanger la foule s'est mise à scander un chant nommer “This is a Land of Humiliation” qui dénonce la corruption du gouvernement et la pauvreté dans le pays. Le Maroc a une longue histoire de répression politique violente, le stade de foot devient alors un lieux d’expression politique qui, par l’effet de foule, protège les individus de la répression. L’etat ne pourrait pas arrêter tout un stade entier.


Cet installation souligne cet aspect politique du sport, très concret et libérateur, en contraste avec un mépris intellectuel qu’on peut en avoir.